Interview salon du livre jeunesse de Villeurbanne

Ce week-end j’aurais dû être au salon jeunesse de Villeurbanne.
À défaut de pouvoir maintenir cette rencontre les organisateurs ont proposé aux auteurs de répondre à quelques questions :

« Nous le savons, vous aviez hâte de rencontrer les auteurs et autrices, illustrateurs et illustratrices invité.e.s pour la Fête du livre jeunesse de Villeurbanne. Alors nous leur avons proposé de répondre à quelques questions sur leur parcours, leurs lectures, leurs peurs… pour mieux les connaître. Un grand merci à Romain Lubière qui a accepté de se prêter au jeu ! Voici ses réponses : »

1/ Pourquoi écrire, pourquoi dessiner ? Pourriez-vous nous en dire plus sur la raison qui vous a poussé à devenir auteur / illustrateur ?

Depuis mon enfance, j’ai toujours beaucoup dessiné. C’était (et c’est encore) pour moi une manière de me centrer et en même temps de m’évader. Même si je savais que je voulais faire un métier autour du dessin, je ne me suis jamais dit : « Plus tard je veux être illustrateur jeunesse » . Je me suis naturellement et progressivement dirigé vers ce secteur… Peut-être parce que j’ai gardé mon âme d’enfant :) Je me rend compte aussi qu’en illustration jeunesse on a une liberté créative incroyable et ça me plait.


2/ En quelques mots, pourriez-vous nous faire part de votre parcours d’auteur / illustrateur ? Avez-vous trouvé facilement une éditrice, un éditeur ?

Après 3 années de formation à l’École des Beaux Arts de Saint-Étienne, j’ai commencé à travailler en illustration jeunesse en 2008. J’ai illustré une série ( 5 albums) pour les tout petits en collaboration avec le même auteur et éditeur « M, L’éditeur ». Ça a été une expérience enrichissante, un premier pas dans ce monde. En parallèle, je faisais de la colorisation de BD pour les « éditions Soleil ». Mais c’est seulement depuis peu que je travaille avec d’autres maisons d’édition : les « éditions Dyozol », «Balivernes », « A2MIMO ». Mon activité se développe. Je n’ai jamais eu autant envie de dessiner qu’en ce moment et j’ai la sensation que mon style s’affine.


3/ Quelle autrice / illustratrice ou auteur / illustrateur admirez-vous ?
Il y en a beaucoup bien sûr. J’admire le travail de Shaun Tan. Il y a quelque chose qui nous parle au plus profond de nous dans ses albums. Je vous conseille « Là où vont nos pères » ce livre est magnifique.


4/ Quel est votre thème d’écriture ou sujet de dessin préféré ?
À travers mes créations j’explore souvent les mêmes thèmes: la relation de l’humain avec la nature, le voyage et l’onirisme. J’essaie de faire en sorte que mes illustrations soient tout aussi accessibles aux enfants qu’aux adultes en laissant à chacun sa part d’interprétation.


5/ Quel est le livre dont vous êtes le plus fier ?
En général j’ai toujours une préférence pour le dernier livre que je viens de réaliser.
Mon nouvel album devait sortir il y a 2 semaines. Bien sûr, au vu du contexte, il s’installera en librairie plus tard (grosse frustration :)
« Dis, c’est quoi le bonheur ? » est un album ou un lapin interroge arbres et animaux sur ce que représente le bonheur pour eux. L’idée est que le lecteur (enfant ou adulte) se questionne aussi sur ce qu’est le bonheur à ses yeux.
Il s’agit d’un bel album cartonné édité par les éditions Balivernes avec un joli texte d’Emma Robert.


6/ Quel livre vous a marqué enfant ? Adolescent ?
« Au revoir Blaireau » de Susan Varley. Un livre exceptionnel qui aborde avec sensibilité et espoir le thème du deuil.
Avec le recul je pense que ce livre m’a accompagné dans les moments difficiles.


7/ Au contraire, quel livre vous est tombé des mains ?
«T’choupi ». Je n’ai jamais accroché à cette série.


8/ Quel livre lisez-vous en ce moment ?
« Chamanes – les chants de la déesse » de Jean-Sébastien Rossbach. Ce livre présente dix portraits de femmes chamanes à travers les âges. C’est beau, ça fait du bien.


9/ Parlons peur… Quelle a été votre peur d’enfance ? Comment l’avez-vous affrontée ?
Enfant j’avais peur du noir. J’ai le souvenir que ma chambre était au fond d’un long couloir. Afin d’éclairer se couloir interminable je devais faire la moitié du chemin dans le noir pour accéder à l’interrupteur.
J’affrontai ma peur du noir quasiment tous les soirs. En grandissant, cette peur à progressivement disparue.


10/ Quelle est votre peur d’adulte ? Comment l’affrontez-vous ?
À présent, je n’ai pas l’impression d’avoir des peurs particulières si ce n’est peut-être la peur du futur de notre planète et des dérives de nos sociétés. Même si l’avenir qui se profile pour nos enfants n’est pas très réjouissant, je pense qu’il ne faut pas être fataliste et garder espoir.


11/ Pour vous l’audace, c’est… ?
L’audace, c’est d’oser prendre un nouveau chemin, faire un pas de plus vers l’inconnu. C’est parfois avoir le courage d’affronter ses peurs, et parfois avoir l’intelligence de laisser les choses se faire d’elle-même.


12/ En ces temps de confinement : un livre, un film, un dessin animé, une chanson, un jeu de société… que vous affectionnez particulièrement à conseiller pour occuper les enfants comme les adultes ?

Je trouve qu’en cette période la musique est une belle manière de s’évader. A la maison, avec les enfants on écoute beaucoup de choses : de la chanson, du métal, du reggae, du rock… selon les humeurs du moment.
Enfin, je recommande, aux petits et grands, l’intégralité des films d’animation de Hayao Miyazaki (l’incontournable). En particulier « Mon voisin Totoro ». Personnellement, je ne me lasse pas de regarder ce film. C’est une merveille.